CHD Jehan Germain, Evesque de Chalon
Les sept psaumes allegorisees en français
Copenhagen KB Ms. NkS 50h 8° (and British Library Add.Ms. 31838)

Text
The author of this unpublished text was anonymous, until Bodo Brinkmann discovered the missing
rubric in the bulk of the remains of the original dismembered volume, now British Library Add.Ms. 31838
where the preface and one of the missing leaves also is found (see below and Psalm 6, 8-9):
Sensieuent les sept psaulmes en franchois allegorisees par maistre
Jehan germain. Evesque de chalon sur la sõne. excellent docteur en theologie.

The preface and rubric in Add.ms. 31838 was obviously originally preceding the 47 leaves now
constituting Copenhagen NkS 50h 8°
The text of manuscript NKS 50h is unfortunately also fragmentary, and the 47 leaves are misbound.
The separation of NkS 50h 8° from the original ms. was not made because of the text, but
was more likely caused by the extraordinary high artistic quality of its miniatures.
This did happen sometime after 1800 and before c.1850,
It is here reproduced in my reconstruction of the original sequence made in 1991.
Only four of the seven psalms (31, 37, 50 and 129) survived without lacunes, but is
sufficient to get a clear understanding of the character of the litterary contents.
The Latin text is given as incipits to each verse (written in red) and the verse then translated in
full into French.
Each verse is followed by a short prayer contemplating the contents in French, in the spirit of a
Christian catholic confession. The author has in his "allegorization" made use of many of
the most popular private prayers of his time, which he in an elegant way has divided into smaller
sections, and piece by piece intertwined with a more or less relevant reference to the progressing text
of the penitential psalms.

Illumination
Each of the seven psalms is preceded by a facing full-page miniature (some painted in the gathering,
others painted on the verso of an inserted blank leaf) with a corresponding historiated border around
the first facing textpage. All fourteen miniatures are preserved, but misbound in the present state of
the manuscript (see the comments to the collation). The binder reversed the sequence of the two
psalms with same incipit (Domine ne in furore tuo), opened with psalm 37 and misplaced psalm 6
after psalm 31 (an error which also deceived K.V. Sinclair in his list of incipits).
I am greatly indebted to Sven Hendrup, lecturer of medieval French at the University of Copenhagen, for his helpful advise
from 1991-1993 on the editorial principles of a transcription of an unpublished text written in a Picard dialect.
A brief preliminary examination of the hitherto unpublished Add.Ms. 31838 in the British Library was made possible
by a special grant from Ny Carlsbergfondet in 2003, for which I here express my sincere gratitude.
Bibliography:
C. Bruun, 1889, p.186-190;
Exhib.: Gyldne Bøger, 1952, Cat. no. 159 (Catalog by C. Nordenfalk and Kaare Olsen);
K. V. Sinclair: Supplement, 1982, Incipits no.4041, 4389, 4496, 5194-95, 5224-25;
Bodo Brinkmann: Die Flämische Buchmalerei am Ende des Burgunderreichs. Der Meister des Dresdener Gebetbuchs und die Miniaturisten seiner Zeit. I-II, Brepols, Turnhout 1997, p.226-233.


[Psaume 6] [Psaume 31] [Psaume 37] [Psaume 50] [Psaume 101] [Psaume 129] [Psaume 142] [Collation NkS 50h] [BL Add.Ms. 31838]

Front of the binding

[Psaume 6]
f.25v*Gad udlægger Guds straf for den angrende David (Full-page miniature)
*Joab forestår folketællingen. (Historiated border)
Comment David fit son peuple nombrer
De par Joab, on le voidt ramembrer
f.26Et Gad luy dit Que avoit Dieu offensé,
De quoy son peuple en eubt mortalité.
*Den store pest. (Historiated border)

[2] Domine ne in furore tuo arguas me, neque etc. (in ira tua corripias me)1
Sire ne m'argues pas en ta fureur. Et ne me reprens ne corrige en ton ire.
Car ie congnois que la multitude de mes pechiés treshorribles a deservi la punicion de ta iustice. Mais tu, Sire, qui ne veulx la mort du pecheur, ains te plaist qu'i se convertise et vive, regarde de l'oeul de ta pitié ma miserable fragilité, et me reioings a toy par l'integrité de ta saincte misericorde, et ne me soeufres perir, mon doulx redempteur, en qui est mon esperance.

[3] Miserere mei domine quoniam infirmus sum; (Sana me, Domine, quoniam conturbata sunt ossa mea)
Ayes merci de moy, Sire, car ie /f.26v/ suis malade, Sire, garis moy, car tous mes os sont conturbés.
O Sire2, et quant tu sçes la foiblesse de mon enfermeté qui me mect en voie de mort eternelle par sensualité qui m'i encline. Tu, seul medecin, qui donnes l'eaue vive de laquelle qui en boit ne meurt eternellement, viengs a moy et oy la voix de ma deprecation, si me tire hors du lit de langueur, si que tu feïs le paraliticque attendant a la pissine.

[4] Et anima mea turbata est valde; (Sed tu, Domine, usquequo?)
Et mon ame est moult troublee, mais, Sire, tu es en chascun3 lieu.
Pour quoy ne seroit mon ame troublee, tresdoulx Dieu, quant ie cougnois les grant faultes que i'ay encontre toy faictes, qui me sont comme inremissibles se ta saincte /f.27/ misericorde ne me prent a merci? Mais i'espoir, mon Dieu, pour ce que tu es plus grant pardonneur que ie ne polroie estre pecheur, et la plenitude de ta largesse est infinie, car tu es seul parfaict.

[5] Convertere domine et eripe animam meam; (Salvum me fac propter misericordiam tuam.)
Convertis et deffens mon ame, et par ta misericorde fay moy saulf.
Ne refusez pas ce que te requiers, mon Dieu iuste, soies favourable a ton sergent qui t'appelle. Car les tourmens que tu as appareillé aux maulvais ne sont pas deuz aux repentans. Les fellons ne te congnoissent, ne leurs voix ne font clameur a toy, mais les vrais deprians desservent par leurs sainctes merites de toy meismes qu'ilz trouvent grace devant ta fache, si ne me soit refu/f.27v/see. Car i'ay en toy fianche, tresdoulx Dieu.

[6] Quoniam non est in morte qui memor (sit tui; In inferno autem quis confitebitur tibi?)
Pour ce qu'il n'est nul qui soit ramenbrable en la mort, en enfer qui se confessera a toy.
Sire, ie retarderoie moult se ie attendoie l'heure de la mort a me tirer vers toy; quant l'esperit est traveillié, et le corps agrevé de dolleur, a paine est adont la memoire saine quant le char est tant enferme. Et pour ce, mon Dieu, des maintenant, sans aucune demeure, viens a toy repentant et toy reclamant, tandis que i'ay temps et espasse, et tes tresdoulx embracemens me soient eslargis.

[7] Laboravi in gemitu meo; (Lavabo per singulas noctes lectum meum; Lacrymis meis stratum meum rigabo.)
I'ay labouré en mon gemissement, ie laveray par singulieres //
[Lacune in NKS 50h, one folio has been left in BL Add.Ms. 31838 f.66-66v, not reproduced in the facsimile]4
/nuytz mon lit . et arouseray mon giste de mes larmes.
Et tu sire tresdebonnaire . ne debonte pas mon gemissement . Car tu affermez en ton euangille . que bien heureulx sont ceulx qui pleurent . O tresdoulx iesus . trespiteulx et tresmisericordieux . Tu meismes par ta pitie plouras. Ottroie moy que icelles sainctes larmes . soient lavement aux plaies trespourries de mes innombrables pechies.

[8] Turbatus est a furore oculus meus. (Inveteravi inter omnes inimicos meos.)
Mon oeul est trouble de fureur. Je suis enuielli entre tous mes anemis.
Pour quoy est trouble mon oeulx plain de larmes ne mes yeulx . que par la congnoissance que iay de mes vices. Mais mon dieu, il nest pas en moy tirer hors de la mer peril=//f.66v/leuse de mauuaise acoustumance de pechiet. Car ie suis ici aparfondi. Si couuient que ta force ressourde et conforte ma foiblesse . ou autrement voirement mes ennemis . cest assavoir. La char. Le monde. Et sathanas . mont ia tellement envahy . que ie nay pooir de eulx contredire et mon esperit est ia du tout obsusquie.

[9] Discedite a me omnes qui operamini iniquitatem etc. (Quoniam exaudivit Dominus vocem fletus mei.)
Departes uous de moy. vous tous qui ouurez iniquite . car dieu a exaulciet la voix de ma priere.
Ces choses manonchent esperance qui me donnent aucune consolation. quant ie doubte que ayes closes tes oreilles contre mes prieres . pour la pueur de mes delis . vient adont la clemence de ton //
/f.28/esperit qui m'aporte nouvelles de resconfort en disant que ie ne doubte. Car tu, Dieu le Père, qui es immuables, n'as pas oubliet le don de tes largesses, pour laquelle chose s'esiouist mon ame, disant ainsi:

[10] Exaudivit dominus deprecationem meam; (Dominus orationem meam suscepit.)
Dieu a exaulchié la voix de ma priere, Dieu a prins mon oroison.
Par ceste maniere est consolee voirement mon ame en contemplant la plenitude de ta grant misericorde, si comme se ie sçavoie certainement que tu euisses tous mes pechiés pardonnés. Pour quoy, menant ioie et feste comme celui qui oprimés est hors de tout mal, ie chante a toy, ainsy que se ie desprisoie tous ceulx qui nuire me polroient, suis constraint en liesse, di=/f.28v/sant ces parolles:

[11] Erubescant, et conturbentur (vehementer omnes inimici mei;)
Soient escallangiés et conturbés vehementement tous mes anemis, ilz soient convertis et escallangiés moult isnellement.
Qui sont mes ennemis a droit considerer certes ce sont mes pechiés. Et pour ce que tout ainsi que celui qui passe perilleux pas s'en esiouist d'en estre issu a sauveté, et het la voie perilleuse, suis ie reconforté aveuc l'esperance dessusditte, quant ie me troeuve hors des las de pechiet, non par ma puissance, mais en ta vertu, Sire. Et si comme celui qui eschappe des mains de ses adversaires le mauldit et le het, est de moy haÿ pechiet et iniquité. (2 lines blank) // f.29 Blank//.


[Psaume 6] [Psaume 31] [Psaume 37] [Psaume 50] [Psaume 101] [Psaume 129] [Psaume 142] [Collation NkS 50h] [BL Add.Ms. 31838]

[Psaume 31]
f.29v*Nathan profeterer Absalons død. (Full-page miniature)
*David sender bud efter Bathseba. (Historiated border)
Comment David fut en la compagnie
De Bersaba la femme de Urye
f.30Tant que ung prophete ayant a nom Nathan
Luy anoncha la mort de son enfant.
*Bathseba ankommer til Davids hus. (Historiated border)

[1] Beati quorum remisse sunt iniquitates, (et quorum tecta sunt peccata.)
Bien eureulx sont ceulx desquelz les iniquités sont pardonnees, et desquelz les pechiés sont muchiés.
Mon Dieu, mon seigneur, mon sauveur, comment polray ie acquerir icelle beneureté que mes pechié[s] qui tant sont en grant quantité me soient pardonnés, et devant ta face muchiés, se il ne me vient de ta saincte grace? Donne moy doncques fontaines de larmes en grant contricion, en quoy ie les puisse laver tellement que la grant habondance de mon pleur les fache tous estains et aneantis.

[2] Beatus vir cui non imputauit dominus /f.30v/(peccatum, nec est in spiritu eius dolus.)
L'homme est bieneuré en qui tu ne imputes pechiet, et qui n'a point de barat en son esperit. 5
Iustifie mon ame, Sire, car il n'est aultre beneureté, et chasse de moy toute inclination de pechiet, car se de toy ne vient, ie n'ay force de contrester a ma maulvaise inclination de pechiet ne chasser barat de mon coraige, qui est trebuchant de toute tricherie.

[3] Quoniam tacui, inveteraverunt ossa (mea, dum clamarem tota die.)
Pour ce que ie me suis teuz, mes os s'en envielliront ainsi que ie crioie toute iour.
O mon Dieu, et se ie n'esperoie en la plenitude de ta misericorde, ie auroie cause de cheoir, si comme en desesperance, car ie n'ay pas confessé a toy, ne regehy mon pechiet contrit et repentant. Le/f.31/quel pechiet par mauvaise acoustumance s'est en moy endurci. Et pour ce que tu ayes mercy de moy, ie crieray sans cesser:

[4] Quoniam die ac nocte gravata est super (me manus tua, convertus sum in aerumna mea, dum configitur spina.)
Pour ce que nuit et jour ta main est agravee sur moy. Je me suis convert en ma misere et povreté, quant l'espine s'i confiche.
Ie suis espouenté, Sire, pour ce que i'ay desservi que ta main me fiere selon mon iniustice. Et ie suis sech et debrisant, legier a trebuchier; mais quoy que i'ay desservy pugnicion et non mie misericorde, ne veulles recorder mes iniquitez. O mon Dieu, tu sçes quel ie suis et m'as esprouvé et congneu; ne me condempnes pas, tu m'as fait a fin d'aler a toy.

[5] Delictum meum cognitum: ti=/f.31v/(bi feci, et iniustitiam meam non abscondi.)
Mon delict, ie le te fay assavoir, et mon iniustice n'ay mie absconsee.
Ie t'ay fait cougnoistre mon pechié et n'ay pas muchié mon iniustice; et puis que ie suis confessé sans riens muchier ne palyer de mes grandes defaultes, Tu, Aignel de Dieu, qui ostes les pechiés du monde, ne me lairas périr; mais tu me chastieras en la vertu de ta cremeur, si que fait le pere a l'enfant, et ie tourneray a toy mon affection.

[5b] Dixi: confitebor adversum me (iniustitiam meam Domino; Et tu remisisti impietatem peccati mei.)
I'ay dit: ie confesseray encontre moy mon iniustice a nostre seigneur; tu m'as pardonné la cruaulté de mon pechie. Beau Sire Dieu, tout bon et tout misericordieux, ie sçay bien que aussi tost que i'ay eut intention de moy confesser, /f.32/ repentant de mes pechiés, tu as esté bien prest de les me pardonner. O large misericorde, fleuve de toute habondance de ta grace, ou me ficheray ie se n'est en toy, qui es en tout ma fianche? Car ie sçay que moy contrict tu ne me lairas pas perir.

[6] Pro hac orabit ad te omnis sanctus (in tempore opportuno.)
Pour ceste chose tous sains aouront toy en temps advenir et convenable.
Pourquoy moy, voirement repentant, ne seroye asseuré d'avoir pardon quant le saint colege des benois sains, assistans en gloire devant ta face, te priant pour moy, tu n'escondiras pas leurs iustes prieres. Car ilz sçevent mon affection, et toy, mon Dieu, la sçez, qui voix cler en toutes intencions./f.32v/

[6b] Verumptamen in diluvio aquarum (multarum , ad eum non approximabunt.)
Touteffois6 ou deluge de moult d'eaues n'aprocheront pas icellui.
Les diverses eaues, les fleuves, ne meismement le deluge ne aprochera pas a ton ire, Sire, mais l'abondance de l'eaue de larmes fluentes du ceur contrict constraindent ta misericorde vers les pecheurs, et pour ce mon ame soit lavee d'icelles.

[7] Tu es refugium meum a tribulatione (que circumdedit me; Exsultatio mea, erue me a circumdantibus me.)
Tu es mon refuge de tribulation qui m'as environné; ma joie esleve, deffens moy de mes avironnemens.
Voirement es tu mon seul refuge, car ie sçay que tu es puissant et tout parfait, ne aultre ne me peut aydier ne saulver la tribulation qui m'a comprins, pour ce que a toy ie m'appuye comme a /f.33/ Dieu m'esperance et ma seule fiance. Car benoit est celui qui espere en toy, ne il n'est aultre gloire ne aultre felicité.

[8] Intellectum tibi dabo, (et instruam te in via hac qua gradieris;)
Ie te donray entendement et te enseigneray la voye en laquelle et par ou tu yras, ie affermeray sur toy mes yeulx.
O mon seigneur, pour quoy n'aroit en toy ferme esperance, quant telles choses me dis par la bouche de ton saint prophete qui est l'entendement que tu ne me donras fors de congnoistre et de sentir ta saincte bonté? Se ie veul sievir la voye que tu me demonstres, tu auras voirement les yeulx sur moy, car ie ne pourroie faillir. Sire, ottroye moy doncques sievir la sainte sente de penitence par ou tu passas, qui /f.33v/ me conduise avec toy.

[9] Nolite fieri sicut equus et mulus, (quibus non est intellectus.)
Ne veulles mie estre fais ainsi comme le cheval et le mulet, esquelz y n'y a pas d'entendement.
O tresdoulx Dieu, bien me doy garder, quant toy meismes m'en admonestes par ton saint prophete, que ie ne soye pas comme les bestes mues par ma mescongnoissance, si que ie ne uze mauvaisement de l'entendement que tu me donnes pour te servir. Et ie congnois, Sire, que tes grans benefices ne pourrient estre a leur droit par moy recongneus: si prens en gré ma puissance et me fais non ingrat de tes grans dons et graces.

[9b] In chamo et freno maxillas (eorum constringe, qui non approximant ad te.)
Lye les joies7 d'iceulx et estrains /f.34/ en frains qu'i n'aprouchent a toy.
Que sera ce que tu lieras, beau sire Dieux, ce ne sera aultre chose fors mes pechiés et defaultes qu'il te plaise serrer et enclorre si qu'ilz ne puissent mordre mon ame, si quelle ne soit fichie en ta malveullance. Donne moy frain, a ce que ie les puisse constraindre, si que ilz ne s'eslievent pas, et ne soit la sensualité dominant sur l'esperit. Car il n'appartient aux serfs congnoistre sur leur seigneur.

[10] Multa flagella peccatoris; (Sperantem autem in Domino misericordia circumdabit.)
Moult sont lez flayaulx et les tourmens que a le pecheur; et l'esperant en Dieu, sa misericorde l'avironnera.
Quant ie oy ces nouvelles, ne doy ie avoir grant espouentement, moy miserable pecheur, d'estre tourmenté par ta iustice, mon Dieu. /f.34v/ Mais ie suis resconforté quant i'espoire en toy. Si me ficheray desoubz les bras de ta misericorde qui me soustiendra. Car ceulx qui te servent sont persecutez par les mauvais, non pourtant, Sire, que ie soye d'iceulx que le monde deprise, qui n'ont cure des vaines ioyes, mais soit mon esperance toute en toy, desirant ton salut, ne aultre bien ie ne soye attendant.

[11] Letamini in Domino, et exultate, (iusti; et gloriamini, omnes recti corde.)
Esiouissiez vous et vous exaulchiés en nostre seigneur, o vous iustes, et vous glorifyez, tous droituriers de ceur.
Ne doy ie avoir fichié mon desir et affection d'estre de ceste glorieuse compaignie des iustes, pour lequel desir et affection ie ne doy pas souffrir pechié a touchier a moy, a celle fin /f.35/ que ie soye des esiouissans en toy, te gloriffiant par droiturier coraige? Il n'est chose esioissable que toy seul, consolacion eternelle, gloire incomparable, aucteur de lumiere. Tu soyes la fin de mon desir. (14 lines blank) //


[Psaume 6] [Psaume 31] [Psaume 37] [Psaume 50] [Psaume 101] [Psaume 129] [Psaume 142] [Collation NkS 50h] [BL Add.Ms. 31838]

[Psaume 37]
f.35v*David i bøn.
*David sender bud efter Urias. (Historiated border)
Comment David pour son pechiet muchier
Faire valut le cevalier couchier
f.1Avoeuc sa femme. Et du tout son deporte
En mieulx amant de coucier a la porte.
*Urias sover foran Davids dør. (Historiated border)

[2] Domine, ne in furore tuo arguas (me, neque in ira tua corripias me;)
Sire ne m'argues pas en ta fureur, et ne m'estrains en ton yre.8
Car, mon Dieu, i'ay confessé que i'ay pechié si griefvement que mon grant crisme selon iustice est si comme inremissible. Mais pour quoy serois tu descendu cha bas pour souffrir passion et mort, se l'abondance de ton precieux sang n'estoit le lavement des plaies des pecheurs? O bon Ihesucrist, doncques me ficheray ie fiablement soubz la fontaine de ton coste qui me purifiera mon ordoiement. Ainsi sera net et ton ire ne me confondera, quoy que ie soye tramblant et en grant /f.1v/ paour.

[3] Quoniam sagitte tue infixe sunt michi, (et confirmasti super me manum tuam.)
Pour ce que tes sayettes sont fichees dedans moy et tu as confermé sur moy ta main.
Ie sens ia voirement les pointes sur moy descendues par mes dessertes et que ta sainte main me touche. Car tribulations me avironnent de toutes pars. O, mon Dieu, en qui ie me confie. Donne moy grace que en icelles pour ta sainte amour ie soye pacient et soit mon volloir tant affermé au tien que quelconcque aultre desir ne me compreigne. Ta seule volenté soit ma seule intencion, et conforte mon ame si qu'elle ne soit trebuschant en choses villes, mais medite tousiours tes saintes oeuvres.

[4] Non est sanitas in /f.2/carne mea, a facie ire etc. (tue; Non est pax ossibus meis, a facie peccatorum meorum:)
Il n'y a pas de sanité en ma char a la fache de ton ire, il n'y a point de paix en mes os a la fache de mes pechiés.
O Sire, tu ne ignores mie que en ma char n'en mes os n'a santé. Car celui n'est pas sain ouquel est encores demouré alteracion de fievres, ainsi est tout mon corps corrumpu par pechiet que ie ne puis delaissier. Et toutesfois ie sçay bien que le peril de ton yre est sur mon chief. Hellas, doncque qui me gardera que ne soie peris? Certes, ce sera ta saincte misericorde, laquelle de ceur contrict ie requiers qu'elle secoeure mon ame estant en peril de mort eternelle de laquelle, Sire, tu me deffendes.

[5] Quoniam iniquitates mee /f.2v/(supergresse sunt caput meum, et sicut onus grave gravate sunt super me.)
Pour ce que mes iniquités sont surmontees sur mon chief, ainsi comme charge greveuse sont grevés sur moy.
Tant est grande l'abondance de mes pechiés, voirement, que la charge d'iceulx par mes desertes ma parfondement9 au lieu de tenebres. Car ie suis cheu de pechiet en pechiet sans avoir regard a toy, Sire. Mais a ce tresgref fardel deschargier s'il te plaist, mon Dieu, souffira sans plus le merite de la moindre partie de une gouttelette de ton precieulx sang. Car ie te requiers remission, non obstant que ie soie envielly en mes grans deffaultes.

[6] Putruerunt et corrupte sunt cycatrices mee, (a facie insipientie mee.)
Mes plaies ont puÿ et sont corrumpues de la fache de ma follye.
Enviellis suis voirement en la /f.3/ desordonnanche de ma chair, tant que la pueur des plaies de mes pechiés rend infect et corrumpu l'aer par ou ie passe, et mes follies sont si comme generalles. Et pour ce, de tant que la maladie est plus griefve et plus forte a curer, lui est necessaire solempnel medecin. O Sire, n'es tu cil qui de neant fais toutes choses et a qui riens n'est impossible? Car ne sera mie grant chose a toy me donner santé. Car ie la te requiers, et riens ne refuses au repentant.

[7] Miser factus sum et curvatus (sum usque in finem; Tota die contristatus ingrediebar.)
Ie suis faict meschant, ie suis curvé iusques en fin, et ie aloie tousiours contristé.
Car ma conscience, qui grandement se sent agrevee pour la pesanteur de mes delis, me rend a chetiveté et si /f.3v/ comme aneanti, car nette conscience passe toute aultre consolation. Et ie suis triste pour ce que i'ay soulliet ma pensee qui sans cesser est troublee. Mon doulx sauveur, si me soit ta pitié secourable.

[8] Quoniam lumbi mei impleti (sum illusionibus, et non est sanitas in carne mea.)
Pour ce que mes rains sont remplis de illusion, il n'y a pas de santé en ma chair.
Aultre illusion ne mocquerie n'est devant ta face fors seulement pechié que tu hez, laquelle mocquerie est tant encharnee en moy que la sainte10 convalescense de ignorance ne me peut aprochier. Et pour tant ie te deprie, mon doulx Sauveur, qui deïs: Quelconcque chose que vous demanderés a mon pere en mon nom, vous soit ottroiet,11 que ta sainte /f.4/ parolle soit interimee. Car a toy, deité eternelle, ie demande pardon.

[9] Afflictus sum, et humiliatus (sum nimis; rugiebam a gemitu cordis mei.)
Ie suis afflict et suis humilié moult, ie crioie du gemissement de mon ceur.
Pour quoy pardon n'auroie, tresdoulx Dieu, quant moy tant humilié, afflict et en gemissement le te requiers? Car tu deïs: demande, et ie te donray, hurtes, et ie ouray, si ne decherray pas de ma peticion, mon redempteur; car avant fauldra le ciel et la terre que ta sainte parolle. Souvengne toy, Sire, de ce que dit ton saint prophete Job: Ne sont tes yeulx de char et si comme homme tu vois.12 Pour tant, filz de Dieu, ie requiers celle sainte humanité conioincte a la deité qu'elle soit le relevement de moy, son frere, quant a /f.4v/ la creation.

[10] Domine, ante te omne desiderium meum, (et gemitus meus a te non est absconditus.)
Sire, devant toy mon desir et mon gemissement ne t'est pas muchiet.
Que ie n'aie aultre desir que toy seul, ie te requiers, Sire, qu'il me soit ottroiet, car tu congnois mon affection et mes larmes ne te sont pas muchies. Je suis ta povre creature, povre ver de terre et non homme; car mon ame est anichilee par pechiet fors tant que ie aoure a toy, Dieu tout puissant, qui la peus faire revivre; Car pour ce que ie t'ay courouchié, ie suis en ce point.

[11] Cor meum conturbatum est, (dereliquit me virtus mea, et lumen oculorum meorum, et ipsum non est mecum.)
Mon ceur est conturbé en moy, et ma vertu m'a relenqui, et la lumiere de mes yeulx et il n'est pas avoec moy. 13
La repentance me /f.5/ rend tant d'affliction que i'ay ceur troblé, si comme il ne fut pas en moy meismes, mais fut tout effondré en une riviere de larmes, que les yeulx me rendent troubles, tant que ma vertu en est affoiblie. Sire, qui recongnois toute chose, tu ne voeulles que le ceur et l'affection; regarde mon estat, et considere mon amertume14, si me resconforte en ma tribulation.

[12] Amici mei et proximi mei adversum etc. (me appropinquaverunt, et steterunt;)
Mes amis et mes proismes aprocherent, et s'esterent contre moy.
Qui sont mes amis et mes prochains, fors les bons desirs et les saintes inspirations, qui par ton Sainct Esperit sont maintes fois venues hurter a l'huis de ma conscience? Mais ie sçay bien, Sire, que de /f.5v/ tant plus que ay esté amonesté par ta grace de mon sauvement, et ie ay rencontré et recalcitré, en tant que ie ne les ay point receues et a eulx obeÿ, seront il plus contre moy acusant ma coulpe. Mais, mon Dieu, plaise toy que a tout15 le moins ie soie de ceulx qui vindrent les desreniers labourer en la vingne, et si eurent le plain salaire du seigneur.16

[12b] Et qui iuxta me erant, de longe (steterunt; Et vim faciebant qui querebant animam meam.)
Et ceulx qui emprés moy estoient s'arresterent de loings, et ceulx qui queroient mon ame faisoient force.
Qui estoient ceulx qui contre moy estoient, ne mais les dons de ton Saint Esperit, tresdoulx Dieu, que i'ay en moy estains et fait arester? Et meismement les sentans venir de loings par mon pechiet et iniques /f.6/ cogitacions. Par quoy les ennemis d'enfer, qui queroient mon ame pour le dampner, m'ont si comme constraint par leurs temptacions, pour ce que ie ne resistoie tant qu'en infinies defaultes me suis leissiet tresbuchier.

[13] Et qui inquirebant mala mihi, (locuti sunt vanitates, et dolos tota die meditabantur.)
Et ceulx qui enqueroient maulx a moy, ont parlé vanités et toute iour pensoient tricherie.
Mais, mon doulx sauveur, par la congnoisance et saint avertissement que presentement tu inspires en moy de ta misericorde, iceulx ennemis infernaulx qui queroient comment ie fusse perilx seront traveilliet en vain, et sur eulx vendront leur tricherie. Car ie me repens et ie sçay bien que toy tout bon ne auras pas en desdaing ma contri- /f.6v/cion. O mon tresdoulx Dieu, exaulce moy.

[14] Ego autem, tanquam surdus, (non audiebam; Et sicut mutus non aperies os suum.)
Et ie suis comme sourt qui ne oy point et ainsi comme muet non ouvrant ma bouche.
O donne moy grace, bon Dieu et iuste, que ie puisse faire tout ainsi que m'enseigne et m'endoctrine ton saint prophete, c'est assavoir que ie soie faict si comme sourt aux amonestemens de pechiet, que ie ne les oye, et comme muet envers les parolles tricheresses, vaghes et plaine de follie, et en mon oye ne puist entrer fors les lichons de ta sainte doctrine, laquelle ma langue soit anonchable en touttes pars.

[15] Et factus sum sicut homo non (audiens, et non habens in ore suo redargutiones.)
Ie suis faict si comme homme non oyant, et ayant en sa bouche re/f.7/dargucion.
Et quant sera ce, mon Pere, qui es es cieulx, que ie polray dire que ie suis faict sourt et muet contre les iniques admonestemens? Ha, ma seule consolation. Toy, le Dieu d'Abraham, d'Isaac, de Iacob, et le mien, ce sera quant tu auras restraint en moy la concupiscence qui par fragilité me tresbuche en pechiet, de laquelle chose, mon Dieu, ie te requiers que hastivement soit faict.

[16] Quoniam in te domine, speravi; (Tu exaudias me, Domine Deus meus.)
Pour ce que i'espoire en toy, Sire, tu me exaulceras, Sire mon Dieu.
Ie ne decheray mie doncques de ce que ie demande a toy, roy des rois, Seigneur des seigneurs. Car tu es voyrement toute mon esperance, pour lequel ayde i'espoire mon sauvement. O quant sera ce, mon /f.7v/ Dieu, que ie te loueray avoec tes angeles, te voiant face a face en plenitude de ioie, en laquelle te plaise me conduire? Adont sera acompli le desir de mon affection, non mie pour mes merites, mais en vertu de toy, mon createur et redempteur. Et adont seront confus mes ennemis, c'est assavoir les adversaires de mon ame.

[17] Quia dixi: nequando supergaudeant (mihi inimici mei; Et dum commoventur pedes mei, super me magna locuti sunt.)
Car i'ay dit aucunesfois: mes ennemis grandement s'esiouiront en moy, et endementiers que mes piés se commouvoient ont ilz parlé grant chose sur moy.
Les adversaires de mon ame voirement sont esiouis voyant mes affections toutes plaines de vanité, et n'ont pas failli de m'acuser devant toy. Mais tout ainsi comme /f.8/ ilz se vantoient iadis d'estre saisis de l'ame de Theophilus, et tu les en despoullas.17 Sire, ainsi par ta sainte misericorde soit faict de moy povre pecheur publican, qui bas ma coulpe, disant: Sire, ayes mercy de moy.

[18] Quoniam ego in flagella etc. (paratus sum, et dolor meus in conspectu meo semper.)
Pour ce que ie suis appareilliet en tourmens et ma dolleur est tousiours en mon regard.
Ie suis, ce sçay ie bien, appareilliez en tourmens, desquelz la souvenance ne part nulle heure de ma cogitacion et c'est ce que i'ay deservi. Mais pourtant ne me desesperay ie pas, car tu es celuy qui feïs misericorde au laron sur la crois. Tu ne dampnas pas la povre peceresse prince en adultere. Tu oys la voix de la Cananee te depriant18. Tu es celui qui oste les /f.8v/ pechiés du monde. Sire, si seray participant, s'il te plaist, a ta plentureuse misericorde.

[19] Quoniam iniquitatem meam (annuntiabo, et cogitabo pro peccato meo.)
Pour ce que ie annunchay mon iniquité et pensoye pour mon pechiet.
De ta grace me viengne, Sire, que ie puisse plainement en confession anonchier mon pechiet a toy, avoec fontaine de larmes par lesquelles moult de pechiés me soient pardonnés. Tout ainsi que la benoitte Magdalene plourant contrite trouva mercy en tes dignes piés19, te plaise qu'en icelle contemplation ie puisse vers toy trouver mercy si que puisse dire, pour ce que ie annonchay mon iniquité: mon Dieu m'a pardonné, et si me garde de mes adversaires. /f.9/

[20] Inimici autem mei vivunt, et confirmati (sunt super me: et multiplicati sunt qui oderunt me inique.)
Certes mes anemis vivent et sont confermés sur moy: que leur proufite ce? Car se tu es pour moy, qui sera contre moy?
Et pour neant est veillié en la garde de la cité, se tu meismes ne la gardes; et ce que tu garde, est bien gardés, car tu es le bon Pasteur, qui ton ame mettes pour tes brebis, ne riens ne peult estre osté de tes mains; Car ta force est sur toute puissances, en laquelle te plaise que toutes mes choses soyent gardees, et qu'en ta sainte main soit au desrain pas amendé mon esperit.

[21] Qui retribuunt mala pro bonis (detrahebant mihi, quoniam sequebar bonitatem.)
Ceulx qui retribuent maulx pour bien detraioient a moy pour ce que i'ensiuoie bonté./f.9v/
Qui sont ceulx qui retribuent maulx pour biens desquelz i'ay esté detraict? Certes, ce sont les propres mouvemens de ma char ausquelz i'ay obeÿ. Et ilz ont a moy amortis tous les amonestemens et inspirations qui de toy me venoient quant ie voloie obeïr. Et ainsi ont retribués maulx pour biens quant ilz me font oublier les grans dons et les graces que i'ay de toy receues dont i'ay mal usé. Sire, s'il te plaist me restituer en estat de grace et de innocence.

[22] Ne derelinquas me, Domine Deus meus; (Ne discesseris a me.)
Ne me delaisse pas, Sire mon Dieu, ne t'eslonge de moy.
Mon Dieu, que tu ne me delaisses point et ne te depars de moy. Je te requiers pour celle sainte amour /f.10/ que tu le digne precieulx corps Ihesucrist tout parfaict, lequel vif ou tourment de la croix ne mort ou sepulcre, oncques ne le laissas. Et pour ce icelui nostre Seigneur, par lequel tu veulx estre depriet, qui avoec toy vit et regne en unité avoec le Saint Esperit une seulle deité, tu aies mercy de moy, et ne me laisse partir de toy, et a tous besoings me soies secourables.

[23] Intende in adiutorium meum, Domine Deus salutis mee. Entens en mon ayde, Sire mon Dieu, et de mon salut.
Car sans ton ayde, Sire, ie sçay que a sauvement ne puis avenir. Pour ce ie te reclame et appelle comme le seul resconfort et refuge de ma seulle esperance. Ton ayde, mon /f.10v/ seigneur, me soit20 deffenses contre mes adversaires, visibles et invisibles, confort en toutes tribulations, secours en toutes necessités, ayde en tous besoings, soustenal de mon ame, consolation de mon entendement, et la fin de mon affection. Amen. (12 lines blank)// f.11 blank


[Psaume 6] [Psaume 31] [Psaume 37] [Psaume 50] [Psaume 101] [Psaume 129] [Psaume 142] [Collation NkS 50h] [BL Add.Ms. 31838]

[Psaume 50]
f.11v*Nathan bebrejder David hans synd.
*David sender sin befaling om Urias til Joab. (Historiated border)
Nathan reprist David pour la raison
Que havoit commis cruelle traison
f.12Quand a Joab envoya une lettre
pour faire Urye a malvaise mort mettre.
*Urias dræbes i et slag. (Historiated border)

[3] Miserere mei, Deus, secundum magnam misericordiam tuam:
Et tresdoulx Dieu, ayes mercy de moy selon ta grande misericorde.
Ie te reclame, mon Dieu, non pas de pou de chose, Sire, se ie invocque pour me medicine celle inestimable misericorde, de laquelle la grand plenitude te fist envoyer meismement ton propre filz en terre souffrir mort pour les pecheurs. O, ung seul Dieu en trinité, et trinité en unité treshonnoree sans separacion de substance, quoy que aultre soit la personne du Pere, aultre du Filz, aultre du Saint Esperit21. Je te requiers remission de mes pechiez, /f.12v/ a toy increé Pere, increé Filz, increé Saint Esperit. Je viengs demander pardon, si me ottroye et donne grace que ie puisse eschever lez sept pechiez mortelz, bien gouverner mes cinq sens corporelz, obeir aux dix commandemens de ta saincte loy, croire fermement lez douze articles de la foy. Metz en moy les sept dons de ton Saint Esperit et me conferme en estat de grace.22

[3b] Et secundum multitudinem mise (rationum tuarum, dele iniquitatem meam.)
Et selon la multitude de tes misericordes, oste mon iniquité.
O tresparfonde deité, pardurable Pere, pardurable Filz, pardurable Saint Esperit, non mie trois dieux mais ung seul pardurable tout puissant, de qui inextimable sont les remissions et graces que tu fais aux pecheurs selon la multitude de /f.13/ ta grant misericorde, veulles moy oster et iecter hors et deffendre que ie ne renchee du tresmal dit et excommenié, et de toy hay pechié d'orgueil, metz en moy la noble vertu de humilité.

[4] Amplius lava me ab iniquiti (tate mea, et a peccato meo munda me.)
Sire, lave moy de mon iniquité et me monde de mon pechié.
Tu seigneur et Pere, tu seigneur Filz, tu seigneur Saint Esperit, et toutteffois non mie trois seigneurs, mais ung seul seigneur, comme par cristienne foy nous creons fermement et confessons, ie te prie, daignes oyr ma voix qui humblement te supplie qu'il te plaise moy laver et nettoyer du tresdetestable pechié d'ire, ouquel tant de fois par mon inconstance et foiblesse me suis laissié couler en faisant /f.13v/ et disant maints oultraiges contre ta reverence et contre mon prochain. Tu le me veulles pardonner, Sire, et garder que ie ne renchee, et mets en moy parfaicte pacience et vouloir tout ce qu'il te plaist.

[5] Quoniam iniquitatem meam (ego cognosco, et peccatum meum contra me est semper.)
Pour ce que ie congnois mon iniquité et pechié estre tousiours contre moy.
Je congnois voirement mon iniquité, et que mon pechié me acuse devant ta magesté eternelle. Pere, qui de nul es fais, creé ne engendré, tu Filz de Dieu non mie fait ne creé, mais engendré du Pere, tu Saint Esperit non engendré du Pere, ne du Filz, mais procedant, ie t'appelle et reclame au secours de mon ame de laquelle veulles dessachier en general /f.14/ toutes laides taches. Et avoec l'ame soit en ta garde mon corps, laquelle te plaise tenir en ton service tant que vie y sera, et soient tous mes fais par toy adreschiez, Sire. Et l'infernal pechié d'envie, qui tant t'est desplaisant, veulles de tout en tout oster de mon couraige, et eschange mettre vraie amour charitable vers mon prouchain.

[6] Tibi soli peccavi, et malum coram te feci; (Ut iustificeris in sermonibus tuis, et vincas cum iudicaris.)
I'ay pechié a toy seul et i'ay fait mal devant toy afin que tu soies iustiffiés en tes parolles et que tu vainques quant tu iugeras.
Moy, miserable, sçay bien que i'ay desservi par mon pechié que, quant tu viendras iugier les bons et les mauvais, que mon ame soit mise a la partie senestre avec les mau/f.14v/vais. Car ie n'ay faictes ne acomplies tes saintes euvres de misericorde ne pensé de mon salut. Mais, benoite Trinité, ou riens n'est premier ne derrenier, greigneur ou monde, mais toutes les trois personnes sont a eulx coeternelz et coequales, ayes mercy de moy a icellui tramblable iour quant la terre ardera, le ciel se mouvera, ne ne soye adont acusé du pechié de paresche de t'avoir mal servi. Si te plaise, Sire, en moy mettre soing et dilligence de mon sauvement, mon Dieu et mon seigneur.

[7] Ecce enim in iniquitatibus (conceptus sum, et in peccatis concepit me mater mea.)
Voy cy: Car ie suis concëu en iniquitez, et en pechiez m'a concëu ma mere.
Tout quanque est de ma char est pechié et fait pechié, pour ce que tout ce qui procede de mon /f.15/ fait ne peult estre fors que pechié. Mais tu, benoite trinité, qui sur toutes choses dois estre honnouree, toy unité en trinité et trinité en unité, ung Dieu, ne veulles pas que celle ame que tu as faicte a ta digne semblance soit perie. Et pour ce y as donné remede de ta sainte grace: c'est le lavement de confession avec repentance a laquelle ta misericorde est encline et preste. Si soies par celle voye medicine, mon Dieu, en laquelle garde soient tous mes sens, si que ie ne faille en nul cas ou pechié d'avarice et mauvaise convoitise, par quoy riens frauduleusement puisse soubstraire de mon prouchain par illicite voye. Et me donnes compassion de tes povres membres et a iceulx secourir selon /f.15v/ ma puissance et faculté.

[8] Ecce enim veritatem dilexisti; (Incerta et occulta sapientie tue manifestasti mihi.)
Voy cy: Tu as aimé verité; les incertains et occultes choses de ta sapience tu m'as manifesté.
Tu, qui es aucteur de toute verité, m'as vraiement manifesté grans choses quant tu m'as donné entendement de te congnoistre par foy et de veoir par sainte contemplation si comme se present ta face estoie. O sainte Trinité, sans laquelle sentir et recongnoistre nul ne pourrat estre sauvé, donne moy la grace de telement user du don d'entendement que tu m'as concedé que ce soit au sauvement de mon ame, Et sens et puissance de me prudentement gouverner en toutes choses et meismement en ce que m'est /f.16/ necessaire pour la substentation de ma vie et de mon estat en cestui monde, selon l'ordre ou tu m'as appellé. Donne moy souffisance et sobrieté si que ie face garder le mien entre pou et trop de toute superfluité, Me garde de gloutonnie en boire et en mengier, et de tous aultres oultraiges.

[9] Asperges me Domine ysopo, (et mundabor; Lavabis me, et super nivem dealbabor.)
Aspergiez moy, Sire, de l'izope et ie seray nectoyé. Tu me laveras et ie blanchiray plus que neisge.
S'il te plaist, mon Dieu, moy nettoyer, que par toy ie soye nectoyé et lavé, ie seray puriffié et faict blancq non mie seulement comme neisge, mais plus cler que le soleil resplendissant en toute beaulté. O Ihesucrist, duquel est necessité a pardurable salut que tout homme croye par foy l'incarnacion, /f.16v/ ie te prie pour icelle transfiguration resplendissant en laquelle tu te demonstras devant tes trois apostles ou mont de Thabor23, que tu veulles nettoyer mon ame de toute ordure de pechié de luxure, en faict, en dict, en pensee et en moy mettre pureté, chasteté, Mon corps tenir en prosperité salutaire; Et semblablement te requiers pour tous mes parens prochains et amis et pour tous mes bienfaicteurs.

[10] Auditui meo dabis gaudium (et letitiam , et exultabunt ossa humiliata.)
A mon oÿe tu donras ioye et leesse, et si s'esioirunt les os humiliez.
Se il te plaist, par ta sainte clemence me donne grace que ie desserve ta saincte amour iusques a la fin; tu donras ioye a mon oÿe, lors que avec la compaignie de tes /f.17/ sains eslevés au grant iour du iugement, tu me tireras a ta dextre quant ie t'aray oÿ dire: Venez mes amis avoec moy reposer en la ioye eternelle. O Sire Ihesucrist duquel la foy ferme est que nous creons et confessons que tu es filz de Dieu et homme, donne moy grace que d'iceulx esleüz ie soye, et me deffens en cestui siecle de toutes choses invisibles; chevance licite m'otroyes par honneur, s'il te plaist, et en bien user, et mes parens trespassés et en vie te soient recommandés; Repos donne aux defuncts, iuste vie avec leesse aux vivans, et nous deffens de folle regardeure et vaine, ne nous tresbuche en concupiscence ne quelconques malvais pechié, et soit tout nostre regard et in/f.17v/tencion a toy seulement.

[11] Averte faciem tuam a peccatis (meis , et omnes iniquitates meas dele.)
Tourne ta face de mes pechiez, et toutes mes iniquités deffaces.
Ta face soit de mes pechiés destournee, mon Dieu Ihesucrist qui es engendré de la substance du pere avant les siecles, vray homme de substance de mere nez ou siecle. Ne veulles recorder mes grans deffaultes, et comment les oreilles que tu m'avoies donnees pour oÿr ta sainte doctrine et l'applicquier a mon sauvement, et ie les ay toutes employees a oÿr et escouter choses vaines, inutiles et dampnables. Sire, pardonne le moy, et me donne grace de les mieulx garder doresenavant et que toute mon oye soit ententive a ta digne parolle. /f.18/

[12] Cor mundum crea in me, Deus, (et spiritum rectum innova in visceribus meis.)
Dieu a creé en moy ceur net et esperit droit iuste renouvelé en mes entrailles. 24
Tu, Dieu, parfait homme subsistant de ame raisonnable et humaine char, i'ay bien besoing que tu crees en moy ceur net, droiturier esperit et pensee est en moy tresordoyee, ne riens ne m'est plus abhominable, o Dieu, et en ce se demonstre ma grant ignorance; Car mon netz par ma pou de charité ne peult souffrir le flair de l'indigence et povreté de tes membres, et mon corps n'a point abhomination d'estre tant plongié ou lac trespuant de tous les vices. S'il te plaist, mon Dieu, tellement renouveler mon ceur et mon affection, que riens ne me soit abho/f.18v/minable en quoy par charité puisse servir a mon prouchain en sa necessité pour l'amour de toy et que riens ne me desplaise fors seulement pechié.

[13] Ne proicias me a facie tua, (et spiritum sanctum tuum ne auferas a me.)
Ne me deboute pas de ta face et ne me ostes ton esperit de moy.
Doulz Ihesus, auquel nom toutes choses crees, celestes, terrestes et infernales enclinent. 25 qui es equal au pere selon la divinité, moindre du pere selon l'humanité, ta glorieuse face tourne vers moy par pitié et mes pechiez en sa presence soient adnicillez. Je congnois que ma faulse bouche, laquelle tu m'avoies donné pour recongnoistre ton saint nom en te louant et aourant, glorifiant et depriant, et pour anonchier parolles de bonne doctrine, ie l'ay /f.19/ toute applicquie au service de l'ennemi d'enfer, disant parolles excommeniees, malvaises, vaghues, vaines et contre ta reverence, lesquelles choses te plaise moy pardonner, Sire, et ma langue adreschier a toutes parolles salutaires.

[14] Redde michi leticiam salutaris (tui, et spiritu principali confirma me.)
Rens moy leesse de ton salut et me confermes par esperit principal.
O bon Ihesus, Dieu et homme, non mie deux personnes, mais ung seul Crist non par conversion de divinité en char, mais par assumption d'humanité en Dieu, rens moy leesse esperituelle, conferme moy par ton saint esperit, c'est assçavoir en estat de grace, et ne regarde pas aux malvaises euvres que i'ay tant acoustumeement faictes et desirees /f.19v/ a faire par mes mains, lesquelles tu m'avoies donnees pour labourer es choses meritoires et de compassion a l'ayde et secours de mon ame et de mon prouchain. Mon Dieu, donne moy icelles employer doresenavant singulierment en ton benoit service.

[15] Docebo iniquos vias tuas, et impii ad te (convertentur.)
I'enseigneray aux iniques tes voies, et les malvais seront convertis a toy.
O toy, ung seul Dieu et homme de tous en tout, non par confusion de substance, mais par unité de personne, donne moy grace que ie soye telement enseignié en ce que touche vie sainte que ie puisse veritablement en metant a effect ce que m'enseigne le psalmiste, /f.20/ c'est assavoir que i'enseigne aux malvais tes voyes par sainte doctrine et bonne exemple, Si que ie les convertisse a toy. Et, Sire, mon ceur polu, lequel ne doit oublier nulle heure les promesses que ie te feis aux sains fons de baptesme, la ou ie renonchay du tout a l'ennemi et a ses euvres26, qui tant de fois ay failli, consentant divers pechiez, Tu me veulles nectoier et de lui qui sçeut estre orde estable de pechiez te plaise faire ung saint oratoire et habitation de vertus.

[16] Libera me de sanguinibus, (Deus, Deus salutis mee, et exsultabit lingua mea iustitiam tuam.)
Delivre moy de mes pechiez, Dieu, Dieu de mon27 salut, et ma langue s'esiouyra en ta iustice.
Sire, qui es28 Dieu et homme, ung seul Crist ainsi comme l'ame raisonna/f.20v/ble et la langue n'est que ung seul homme, ie sçay que par toy seulement puis estre delivré du fardel de mes pechiez, desquelz i'ay fais innombrables en allant par tant de fois en places dampnables, [qu'ils] soient a present convertis en bonnes euvres.

[17] Domine labia mea aperies, (et os meum annunciabit laudem tuam.)
Sire, euvre moy mes levres et ma bouche anonchera ta loenge.
Ihesus, qui a souffert pour nostre salut, et lequel descendi es enfers et resuscita le tiers iours de mort a vie, par toy et de toy soit ma bouche ouverte quant elle parlera en tele maniere que riens n'en puisse yssir contre ta reverence, et ta loenge soit continuele en elle, et me soit de toy ottroyé le don de sapience, par quoy en parolle, en fait ne /f.21/ en quelconcque chose ie ne puisse errer.

[18] Quoniam si voluisses sacrificium, dedissem (utique; Holocaustis non delectaberis.)
Pour ce se tu voulsisses, ie euisse donné sacrifices, ia soit ce que tu ne te delites pas es sacrifices.
Toy, filz du treshault qui montas es cieulx et siez a la dextre du pere tout puissant et qui viendras iugier les vifz et les mors29, tu ne te delites pas en sacrifices faintz ne d'ipocrisie, mais le ceur que tout en larme se sacrifie devant toy par contemplation et habondance de desir ardant de ton amour. Celui est habitacle, mon Dieu, si soit le mien fait tel qui n'y ait aultre desir que toy seul, choses tristes ne lui soient riens, en lui te plaise mettre ta vertu d'atemperance /f.21v/ et de modeste30 en tele maniere que desordonnance de quelconcques vice ne le puisse surmonter.

[19] Sacrificium deo spiritus contrib (ulatus; Cor contritum et humuliatum, Deus, non despices.)
Sacrifie a Dieu l'esperit contribulé, le ceur contrit et humilié Dieu ne desprise pas.
Tu, vray iuge, auquel advenement du derrain iour tous hommes ont a resusciter avec le corps, et ont a rendre raison de leurs propres fais, se l'esperit trouble donne sacrifices et tu ne desprises le ceur contrit et humilié, plaise toy, bening saulveur, recevoir le sacrifice de mon oblation, car ie suis troublé en la congnoissance de mes pechiez, pour ce que i'ay offensé devant toy en ma descongnoissance de la plenitude de ta vertu. Te /f.22/ plaise moy donner que en moy descende une gouttelette de laquelle soit nee en mon ceur la vertu de iustice, qui le pou de temps que i'ay a vivre m'aprende et duise a tenir men chemin31, si que ie ne me puisse fourvoyer.

[20] Benigne fac, Domine, in bona (voluntate tua Sion, ut edificentur muri Ierusalem.)
Benignement fais, Sire, en ta bonne voulenté, Syon, afin que soyent ediffiez les murs de Iherusalem.
O tu qui es alpha et o32 ie sçay bien que apres ton iugement ceulx qui aront bien fait yront en vie eternelle, et les malvais en mort pardurable. Pour tant tu qui aymes Syon, c'est assçavoir ton temple, ce sont les cristiens, plaise toy a le regarder benignement afin que les murs de Iherusalem /f.22v/ soient ediffiez. C'est vision de paix qui soit en eux ediffiez apres ledit tramblant iour. Et moy, en celle compaignie des bieneurez participant de fruicion de gloire, ie puisse estre coloquié ou lieu de repos ou sain d'Abraham. Et afin que ie puisse parvenir a icelle gloire, Sire, mets en moy la vertu de force, par quoy ie puisse resister aux temptations qui tant me sont prochaines et vivre iustement en cestui siecle.

[21] Tunc acceptabis sacrificium iusticie, oblationes et holocausta; (Tunc imponent super altare tuum vitulos.)
Adont tu accepteras sacrifice de iustice, oblations et sacrifices, adont seront mis sur ton autel veaux.
Dieu, prince de toutes choses duquel qui n'aura creu fermement la foy catholicque ne pourra estre /f.23/ saulvé,33 adont quant la terre sera close et les cieulx aront receu lez ames saintes, tu auras receu par ta iustice sacrifices et oblations mises sur ton autel. C'est en la ioie de paradis, a laquele tu, qui es benoit par infini siecle, veulles conduire ton peuple cristien. Amen. (12 lines blank)//


[Psaume 6] [Psaume 31] [Psaume 37] [Psaume 50] [Psaume 101] [Psaume 129] [Psaume 142] [Collation NkS 50h] [BL Add.Ms. 31838]

[Psaume 101]
f.23v*David samlet med sit folk i Sion.
*Absalons indtog i Jerusalem (Historiated border)
Le peuple estoit prisonnier en Sion
Quand Absalon vint en Jherusalem
f.24Aussy David voeullant passer Cedron
Par Semey eubt grandt encombrement
*David mødes af Simei's stenkast ved Cedron. (Historiated border)

[2] Domine exaudi orationem meam, et clamor meus ad te veniat.
Sire, exaulce mon oroison, et mon cry et clameur a toy viengne.
A toy viengne le cry de mon oroyson, Sire, en laquelle ie te requiers pour icelle annunciation que l'angele Gabriel fist a la benoite Vierge Marie de la benoite incarnacion en elle pour nostre salut, que il te plaise tellement tourner mon ceur vers toy que il t'ayme sur toutes riens, ne quelconcque aultre chose il n'ayme se ce n'est pour l'amour de toy; et ne soit son desir en pecunes ou pierres precieuses, en honneur mondain n'en quelconques felicités ter/f.24v/restres, toutte son affection tende a toy, Sire, et me pardonne les deffaultes que i'ay faites au contraire.

[3] Non avertes faciem tuam a (me; In quacumque die tribulor, inclina ad me aurem tuam;)
Ne tourne pas ta face de moy en quelconque iour que seray troublé, encline a moy ton oreille.
Encline a moy ton oreille, mon Dieu, et ne destourbe ta face de ma priere; Car au iour d'hui ie te appelle en l'onneur de ta glorieuse nativité, pour icelle nativité et glorieuse humilité, ou tu, Dieu du ciel et de la terre, t'enclinas quant tu daignas naistre de femme en povre lieu commun, entre bestes mues; Et tu, deité precieuse, souveraine sapience, volz estre vestu de nostre char, avoir corps enfantelin, suchant mamelles vierges. Tu couchie//
[Lacune] 34

[29] f.36 /donne grace de vivre sans rapine ne eslevation d'orgueil; Et me donne grace de pacianment souffrir toutes injures. (16 lines blank)//


[Psaume 6] [Psaume 31] [Psaume 37] [Psaume 50] [Psaume 101] [Psaume 129] [Psaume 142] [Collation NkS 50h] [BL Add.Ms. 31838]

[Psaume 129]
f.36v*David knæler i bøn.
*Arken føres ud af det Babyloniske fangenskab. (Historiated border)
Comment David eubt la remission
De ses pechies par intercession
f.37Et son poeuple fut mis a delivrance
Dont chacun fit des lieus a leur plaisance.
*Jerusalem bygges op. (Historiated border)

[1] De profundis clamavi, ad te Domine; Domine exaudi vocem meam:
I'ay crié a toy Sire, Sire exauche ma voix.
Du parfont de ma pensee, mon Dieu, i'ay crié a toy, te requerant en ramembrance et pitié d'icelle tresgrant doleur que ton benoit Filz eut quant il fu arrivé au mont de Calvaire, et on lui despouilla sa robe, qui estoit adherse aux playes par quoy le fleux du sang fut renouvellé, decovrant par tout le corps. Que tous les officiers et iusticiers de la cristienté qui ont office de clergie, quel qui soit, tu leurs donnez grace de si droiturierement iugier, garder le droit d'un chascun et si lealement /f.37v/ soustenir les causes et exercer leur office ou pratique que au prouffit de leurs ames soit, ou bien des princes, et a l'augmentation de la chose publique. Et me concede que pour ton amour ie pardonne a tous malfaiteurs.

[2] Fiant aures tue intendentes (in vocem deprecationis mee.)
Tes35 oreilles soient faites entendentes a la voix de ma priere.
En laquele priere ie te requiers, tresdoulz Dieu, pour la pitié et ramenbrance de ton digne corps, et de la doleur que il senti quant il fu estendu sur la croix par piez et par mains, detirés a cordes pour aux pertruis advenir, atachiez a trois cloux, que tous les manans et habitans des bonnes villes et pays cristien veulles garder de mal et de peril, conserver en prosperité et en /f.38/ l'amour de leurs princes ou souverains, donne[r] paix d'ame et de corps en paradis, et a moy donner sens et vertu de conseillier les desconseilliez.

[3] Si iniquitates observaveris, (Domine, Domine, quis sustinebit?)
Se tu gardes les iniquitéz, Sire: Sire qui les soustendra?
Il est bien besoing, Sire, que tu supportes nos iniquitez, car tu sçes nostre foiblesse; pour ce, a toy qui nous as rachetez et que ie aour, te contemplant en celle croix, Je te supplie pour les merites d'icelles sainctes larmes iettees de ta tendre mere, des aultres dames et de tes bons amis, pour compassion de toy, que tu ayes merci de moy et me donne vertu de conforter les desolez. Et avoec ce te prie pour tous marchans, par terre et par mer, de /f.38v/ cristienté, pour la labour desquelz et industrie touttes gens sont soustenus, tu leur donnes grace de telement mener leur marchandise que ce soit au bien de leur ame et a l'acroissement de leur chevance, a la planturité de la chose publique. Et se soit ton angele Raphael conduiseur de touttes leurs voyes, qui eulx et leurs besoingnes a bon port amainnent.

[4] Quia apud te propiciatio est; (Et propter legem tuam sustinui te, Domine.)
Car empres toy propiciation est, et ay soutenu pour la loy. 36
Il n'est pas seulement convenable mais chose deue, que nous, qui de ta sainte loy sommes, te servirons comme seigneur, ains aourons et glorefions. Si te requiers, doulx Ihesucrist, en l'onneur /f.39/ de ton digne chief, couronné d'espine, et durement tourmenté pendant contreval, qui la place n'avoit de reposer es paines de la mort ne aultre oreillier que la croix, ayez merchi de moy. Et que tele charité me donnes que ie reprengne et chastie selon mon povoir les malfaiteurs en les remenant a droite voye. Et pour tout le peuple cristien. Tiengs paix et amour, vers les seigneurs, deffens les de tous perilz, donne leur sens, povoir et volenté de faire diligentement et licitement leurs labeurs et mestiers, chevance et paix, et a leurs ames ottroyes paradis.

[5] Sustinuit anima mea in verbo (eius; Sperabit anima mea in Domino.)
Mon ame a soustenu en la parole d'iceluy, mon ame a esperé en nostre seigneur./f.39v/
La parole qui ne peult mentir m'a tousiours donné esperance, que tu oys les vrais deprians en celle ferme creance. Benoit Ihesus, Je te requiers par les .vij. paroles que tu deïz sur la croix, dont a la premiere fu demonstree l'abondance de la grant charité, quant tu deïz: Pere pardonne a ceulx qui me crucifient, car ilz ne sçeuent que ilz font. Mon Dieu, plaise toy que i'aye part en celle priere, et me donne grace de prier semblablement pour mes ennemis et malfaiteurs. Et avoec ce ie te prie pour le devot sexe de femme, de quelque estat qu'elles soyent, et leur donne grace de faire leur sauvement, garde les de croire mauvais conseil. De celles qui sont enchaintes, veulles me/f.40/ner le fruit aux sains fons de batesme et a bonne delivrance, reconforte les desolez et desconfortés, aux povres seceurs, les vefues ayes en ta sainte garde, Et tu, Saint Esperit, soyes leur pere.

[6] A custodia matutina usque ad (noctem, speret Israel in Domino;)
Depuis la garde matutinale iusques a la nuit, espere Israël en Dieu.
Depuis la garde matutinale iusques a la nuyt, c'est tant que le monde dura que ton peuple aura esperance en toy. En celle foy, ie te prie, tresdoulz Ihesucrist, en ramembrance de la grant et large misericorde que tu feys au laron sur la croix qui te demandoit pardon, et tu luy deiz: huy seras avoec moy en paradis, que celle digne parole s'adresce a moy samblablement, /f.40v/ au iour du iugement. Et en l'onneur d'elles, te soient recommandés les laboureurs de la terre; Donne leur grace d'eulx sauver, force et povoir de faire labeur dont tu soyes servi et le monde soustenu, Resconforte leurs travaulx, secours a leurs necessitez, et rechoy en gré leur simple foy.

[7] Quia apud te propiciatio est37 (misericordia, et copiosa apud eum redemptio.)
Car envers nostre seigneur est misericorde et copieuse redemption envers luy.
Certes verité, dist le psalmiste, que ta misericorde est redemption copieuse. Jhesus, qui tant souffris pour nous, ie te requiers pour la pitié dont regardas ta mere quant lui baillas pour toy saint Iehan ewangeliste a filz, disant: femme , /f.41/ vois cy ton filz, et au disciple: voy cy ta mere, que tes sers iustes tu veulles conserver en estat de grace iusques a la fin et deffendre des aguettz de l'ennemy.

[8] Et ipse redimet Israel ex omnibus iniquitatibus eius. Et il rachetera Israel de touttes ses iniquitez.
Le psalmiste prophetisa que tu racheteroyes Israel, c'est ton peuple, laquelle chose est advenue. Sire, tu soyes loé, si te requiers pour icelle parolle que de ta sainte bouche issi sur la croix disant: J'ay soif, qui estoit a dire le desir que auoyes de la redemption de l'humain lignaige; Et les felons t'abeuvrerent de vinaigre et de fiel amer, que tu ayes pitié des pe/f.41v/cheurs et de moy avoec eulx, et nous donne grace de nous repentir et nous tiens en iuste vie iusques a la fin. Amen. (16 lines blank)// f.42 Blank


[Psaume 6] [Psaume 31] [Psaume 37] [Psaume 50] [Psaume 101] [Psaume 129] [Psaume 142] [Collation NkS 50h] [BL Add.Ms. 31838]

[Psaume 142]
f.42v*Absalons død.
Comment David par Absalon son filz
Persecuté fut, mais tos desconfis
f.43Il fut - Car en bien radement courant
Par les cheveux il fut tué pendant.
*Acimas bringer David bud om Absalons død. (Historiated border)

[1] Domine, exaudi orationem meam; auribus percipe obsecrationem meam in veritate tua; exaudi me in tua iustitia.
Sire, exaulche mon oroison, rechoy en tes oreilles ma priere en ta verité, exaulche moy en ta iustice.
En tes oreilles entre mon oroyson et soit exaulchié, Sire Ihesucrist, qui en croix sentant la doleur de la mort cryas: Heloy heloy lamazabathany., que estoit a dire que ton pere t'avoit relenqui et laissié, laquele chose te faisoit dire la grant doleur que ton digne corps souffroit. Je te requiers, pour la pitié d'iceluy tourment, que il te plaise avoir /f.43v/ pitié de toute personne souffrant paine par maladie, soit espirituele ou corporele, que par ta sainte grace tu veulles allegier son mal et donner briefve garison de corps et d'ame, selon ce que tu sçez que besoing en a, Et moy avoec en tel cas; Et tous aultres te soient recommandez.

[2] Et non intres in iudicium cum (servo tuo, quia non iustificabitur in conspectu tuo omnis vivens.)
Et n'entre pas en jugement avoec ton serf, car tout vivant ne sera pas iustifié en ton regard.
Ceste parole qui dit que tous les vivans ne seront pas iustifiez, Et celle que recite ton evangile disant: Moult d'appellez, et peu d'esleux,38 me fait paour pour ce que ie congnois la griefté de mes deffaultes. Mais, Sire, ie te prie, en ramembrance de celle parolle que tu deis au trespas /f.44/ de la mort quant tu crias: Pater, in manus tuas commendo spiritum meum., que ton iugement ne soit pas contre moy, que iusques a la daraine extremité veulles telement conserver mon entendement que continuelement ie aye memoire de toy et de ta ferme foy catholique repentance de mes pechiés, esperance en ta misericorde, et au trespas de la mort puisse recommander mon esperit en tes mains, et me veulles a celle heure deffendre de toutte illusion d'ennemi; Et samblablement te prie pour tous cristiens.

[3] Quia persecutus est inimicus (animam meam, humiliavit in terra vitam meam;)
Car l'ennemi a persecuté mon ame, il a humilié en terre ma vie.
La souvenance de mon pechié qui est mon mortel ennemy, qui /f.44v/ mon ame a persecuté, me humilie pour ce que ie cougnois avoir failli. Tresdoulz Ihesus, ie te requiers et39 l'onneur d'icelle parolle que de ta bouche issi en la daraine extremité de la mort quant tu deis: Consummatum est, qui estoit a dire que acomplis estoient les escriptures40 des prophetes qui avoient prophetisié de ta passion, que tu ayes de moy merchy et que tu me veulles conduire par le pelerinaige de ce monde au repos du ciel, pareillement te prie pour tous pelerins cristiens.

[4] Collocavit me in obscuris, (sicut mortuos seculi. Et anxiatus est super me spiritus meus; In me turbatum est cor meum.)
Il m'a colloquié en obscurtez ainsi que les mors du siecle, et mon esprit est angoissié sur moy et mon ceur est tourblé dedens moy.
Mon pechié m'a voirement tour/f.45/blé en obscures choses, c'est assavoir en tenebreuses oeuvres esquelles mon esperit qui en est tourblé a esté comme mort ou siecle. Mais, doulx Ihesus, qui a heure de none rendi ton esperit a Dieu le pere, dont tu soyes gracié, loé, merchié et benoit, qui tantost descendis ou limbe et tiras hors les sains patriarches et prophetes avoec tes bons amis qui en celle prison t'atendoient, fay que en icelle mort et passion soit a remission de mon ame. Et te prie que en la mer de ce monde me veulles garder de perir. Pareillement te requiers pour tous les navigans cristiens par mer et par toutes eauues que amener eulx et leurs biens en leur terre sain et sauf veulles.

[5] Memor fui dierum antiquorum; (Meditatus sum in omnibus operibus tuis, in factis manuum tuarum meditabar.)
/f.45v/Ie sui ramenbrant des iours anchiens, ie meditay et pensay en toutes tes euvres, es fais et actions de tes mains meditoye.
Sire, ce que i'ay eu en souvenance que es anchiens iours tu deïs selon le rapport des saintes escriptures, c'est assavoir que l'homme, qui est oeuvre de tes mains, repentant de ses delis seroit receu en sa peticion, me fait requerir de rechief a toy et demander. Pour ce te demande, en souvenance des signes et samblables qui a ta mort apparurent, c'est assavoir le soleil obscurci, les mors resuscitez, la terre trambler et les pieres fendre, que tu veulles oublier et me pardonner mes ionesses et mes folies. Et pareillement te prie pour touttes iosnes gens // [Lacune]41


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